Effacement

Thelonious Ellison, spécialiste du Nouveau Roman, exerce le métier d’écrivain mais son écriture, jugée trop  » dense et hermétique », le range dans la catégorie des auteurs mineurs, celle de ceux qui restent dans l’anonymat. Quand il découvre le nouveau best-seller « Not’vie à nous au ghetto » ovationné par la critique et le public, qui n’est autre qu’un ramassis de clichés sur les afro-américains, il réclame « au nom de l’art » vengeance. Thelonious prend donc un pseudonyme et entreprend la rédaction d’une parodie acerbe intitulée  » Ma pataulogie » dans laquelle il met en scène un protagoniste violent et vulgaire : » J’la plante pasque j’l’aime…. avec m’man qui rampe sur le lino qu’essaye d’rattraper ses boyaux », véritable représentation archétypale du  » vrai noir » du ghetto. La visée de son œuvre était de dénoncer cette fausse vérité dans laquelle il ne se reconnait pas, de condamner tous ces stéréotypes qui alimentent les discriminations mais ce roman contre toute attente rencontre un succès phénoménal, il devient même le plus gros succès de Thelonious. S’en suit alors une schizophrénie qui ronge le personnage, totalement dépassé par la situation d’autant plus qu’il doit faire face à des problèmes familiaux très préoccupants. Lui qui assiste au déclin de sa mère aurait bien besoin de cet argent mais ce serait vendre son âme au diable….Percival Everett propose un roman original, nourri de littérature et de références érudites mais qui reste aussi drôle et percutant. Il se saisit d’un sujet sensible, celui de la question raciale, et l’aborde sous l’angle du « politiquement incorrect ». Une oeuvre terriblement intelligente !

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